Quand je ne dis rien je pense encore explore en poésie ces moments où la conversation s’interrompt et où les choses à dire restent en nous, parce qu’elles nous apparaissent trop incertaines ou trop particulières pour être partagées.
Ces instants où ce qu’on pense se sépare de ce qu’on dit, où parfois notre visage dit des choses que nous préférerions garder pour nous, où il nous arrive de parler en retard. Entre ce qui se manifeste en nous-mêmes, ce que nous montrons et ce qui est perçu se créent des écarts, que nous tendons toujours plus à taire qu’à expliciter.
Chacune, chacun, se retrouvera dans la fragilité de ces instants si rarement nommés.
j’ai un visage que je préférerais n’avoir pas. ce que je cache il le montre, ce que je tais il le trahit. je connais des gens qui paraissent calmes quand ils s’affolent et amicaux même s’ils s’ennuient. leurs contrefaçons demeurent imperceptibles, leur visage prend la forme de ce qu’ils disent, mais le mien me révèle comme un confident déloyal. quand je parle je me dédouble, je suis dans ce que je dis mais aussi dans ce qui me raconte, et souvent il me semble parler en retard ou parler en second.
C’est le meilleur recueil que j’ai lu en un an. Un recueil qui décortique brillamment tous les pièges et les mécanismes de la parole.
L’Oie de Cravan
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