Elle imagine le temps qu’il ne fait pas, l’heure qu’il n’est pas, le jeu que c’est de tourner son visage au vent chaud des tempêtes d’été. Elle imagine de la beauté ambiante et des couleurs mobiles. Elle imagine de grands et de petits poèmes, des textes multiples, rêvés, brûlants à tous les degrés. La revue de poésie Tantôt. Elle fête ses deux ans d’existence et paraît cet automne sous forme de numéro double, les numéros 4 et 5 combinés en un seul : le nº 45!
Shawn Cotton et Jonas Fortier ont publié des recueils de poésie chez L’Oie de Cravan et entretiennent depuis une dizaine d’années une connivence fertile avec l’éditeur Benoît Chaput. De concert avec Hermine Ortega, qui dirige à la même enseigne la collection Nullica, ils s’allient au projet éditorial de L’Oie de Cravan en animant une revue qui célèbre aussi bien la poésie actuelle que les bribes oubliées.
Au sein de ce numéro volumineux sont réunis les textes d’une trentaine de poètes, dont plusieurs poètes français·es contemporain·es telles Laura Vazquez et Élodie Petit, aux côtés desquelles nous retrouvons des figures importantes de la poésie québécoise contemporaine : Olivia Tapiero, Frédéric Dumont, Marie-Andrée Gill, Jean-Marc Desgent, Élise Turcotte et beaucoup d’autres. Sans oublier des contributions en provenance de Finlande et d’Irak, dans leurs traductions françaises inédites et sublimes, dont voici un aperçu :
« Diwân Ibn Thunwâ » (extrait)
Je suis triste et j’ai si faim des gens
mon âme a oublié la saveur des lys gitans
debout à la fenêtre de la vie et grisé par sa buée
j’ai dessiné avec ma langue un abri pour le reste de ma souffrance
un ruisseau de rosée
la couleur de la nuit me fait souffrir quand elle est nuit car la nuit est nuit par déchirement
tous les tourments de la vie les visages de mes regrets et le verre m’ont visité
seul l’Irak était absent
la nuit est nuit par déchirement
– Safaa al-Sarray (traduction de Lola Maselbas)
L’Oie de Cravan
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