Maxime Catellier a toujours perçu ces deux textes comme indépendants mais liés par le thème de l’errance urbaine. Il a tenu à ce qu’ils soient publiés ensemble comme les deux revers d’un même monde, d’un même quartier, ce Centre-Sud de Montréal qu’il a longtemps lui-même hanté.
On ne sait pas bien qui est le narrateur de L’autre moitié : un corps en apparence errant et perdu dans la ville, passant sans doute inaperçu. Ce texte nous donne à lire les rêves brumeux de cet esprit qui se désagrège peu à peu. La poésie habite ici un corps anonyme dont la vie confuse se confond avec celle des vies qu’il parcourt. Les images de Marc Leduc accompagnent parfaitement cette dérive.
Le monde d’avant est plutôt une exploration réaliste et touchante de la mémoire de ce même quartier, des rues, le tout appuyé par des photos de l’auteur.
Je me souviens du dépanneur à côté de chez grand-maman où les jujubes étaient toujours frais, on pouvait faire soi-même son sac avec une petite pince et jamais le monsieur ne vérifiait à la caisse la valeur réelle du sac, il s’agit là probablement de la plus belle confiance jamais accordée à un enfant qui en mettait toujours quelques-uns de plus, sans jamais exagérer, comme un contrat tacite entre lui et le dépanneur du coin, un respect mutuel, et quand je visite les villes des banlieues grises de ce monde écartelé à travers le territoire je remarque toujours l’absence de dépanneurs comme un signe d’inhumanité…
Le monde d’avant et L’autre moitié : les errances de Maxime Catellier (entrevue audio).
L’Oie de Cravan
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