D’abord, répéter une évidence : la poésie n’est pas particulièrement affaire de livre. Elle ne l’est même que rarement, et les livres, y compris ceux de l’Oie, ne sauraient être suffisants ! Toute l’histoire poétique du siècle qui vient de passer nous fait voir que si c’est bien avec les mots que l’on fait le poème, ce n’est pas nécessairement avec leur concours qu’apparaît la poésie.
Sans doute, au départ, la poésie ne serait qu’assemblage d’éléments : le collage est cette belle leçon. Ces éléments peuvent être les instants de la vie, les bribes de la nature, les mots, les images. Ce sont ces éléments qui nous bouleversent lorsque nous les laissons nous bouleverser.
La poésie, c’est notre présence au monde, c’est nous comme pont entre les éléments les plus éloignés les uns des autres (le secret du surréalisme), et c’est notre vie que l’on danse sur ce fil tendu au-dessus du vide. On veut nous faire croire que la vie est vide, qu’elle ne peut chercher que le confort et sa répétition, que notre vie est mort. La vie au contraire ne peut être que révolte, profonde, souriante ; ne peut être que poésie.
Un livre de l’Oie, aimons-nous penser, est une fenêtre différente sur les possibles poétiques ; une fenêtre petite, certes, mais bien présente. Une invitation à jouer avec le monde et avec la phrase. L’ennemi de la poésie, c’est l’institué, l’institution, la mort dans l’âme et dans le mot. La voix du poème reste à chacun·e.
Jeunes gens, refusez le siège qu’on vous offre. Vous n’en seriez que la housse humaine, très vite froissée.
Georges Henein
Oie de Cravan dans son habitat naturel
L’Oie de Cravan
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